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Imagine l'Inspiration
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L'homme est enclos
L'homme outrepasse
L'homme retient l'autrefois
L'homme détient l'à-venir
Le feu
d'où naquit la parole
le consume
l'édifie
L'homme se rompt et se piège
L'homme assiège l'univers
L'homme est cet homme
L'homme est tout l'homme
L'Homme -
Aujourd'hui.
Andrée Chédid
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Les effigies éloquentes ordonnent le monde, harmonisent l’esprit et les éléments.
De cette union nait la contemplation. Toute la beauté et tout le sens forment la cohérence
entre nous.
Si un arbre n’était qu’un arbre, le sable le vent, les vagues n’étaient que cela, au vrai je
n’aurais pas d’autre nature que celle d’un objet.
L’ustensile passif d’une nature causale et dépourvue de sens.
Mais toi, nature, toute énigme, qui en moi cesse d’être une chose pour devenir une parole,
tout à la symphonie de ces entités sans nombre qui élaborent des légendes, des dits,
des proverbes et des poèmes; toi cet être polymorphe tout vibrant, respirant; toi monde
posé là comme un défi à ma conscience, tu annihiles le néant, tu proclames des fables
dont le mystère affecte chaque fibre de mon être. Tu me renvoies à moi-même, tu m’illustres.
Essayant de te saisir c’est moi que je saisis, nous nous reflétons l’un en l’autre,
toi comme une parabole entrouvrant l’invisible,
et moi comme le dépositaire d’un sens qui vient de toi, de moi, de nous.Joruri
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retourne au creux de son ombre
feuillage sur feuillage arbre et visage
leur règne
dans l'ombre heureuse
l'arbre est tout plein de nuit blessée
des oiseaux y taillent de grands cris muets
Amina Saïd
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Plus rien même pas de la cendre même pas le souvenir plus rien
Plus rien sauf cette joie de l'oubli ce vent de l'oubli qui arrache tout
détruit tout et saccage le reste
Le moment est enfin venu de ne plus espérer de ne plus attendre de
ne plus croire de ne plus s'imaginer de ne plus trembler savoir qu'on
ne craint plus le vide que tout est consommé
consumé désincarné que ce qui était n'est plus plus rien même plus
rien même pas le néant
Je ne ricane plus je ne souris plus
je ne baisse plus les yeux ni ne les lève
je ne les frotte même plus je ne dors pas
je veille comme une pierre sans son ombre
et je suis transparent comme le temps
je vis comme vivent les nuages et la fumée
je m'efface et jusqu'aux dernières traces
Philippe Soupault
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J'eus toujours de l'amour pour les choses ailées.
Lorsque j'étais enfant, j'allais sous les feuillées,
J'y prenais dans les nids de tout petits oiseaux.
D'abord je leur faisais des cages de roseaux
Où je les élevais parmi des mousses vertes.
Plus tard je leur laissais les fenêtres ouvertes.
Ils ne s'envolaient point ; ou, s'ils fuyaient aux bois,
Quand je les rappelais ils venaient à ma voix.
Une colombe et moi longtemps nous nous aimâmes.
Maintenant je sais l'art d'apprivoiser les âmes.
Victor Hugo
Le 12 avril 1840.
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Qu'est-ce que l'or? dit le jour.
—
Un sacre qui transmue la nuit.Qu'esl-ce que l"or? dit la nuit.
—
Des tournesols sur la mer.Qu'est-ce que l'or?
dit la mer.
—
Une douceur d'orange sous le sable.Qu'est-ce que l'or? dit le sable.
—
Du lait où purifier le sang.Qu'est-ce que l'or? dit le sang.
—
Des dieux en fête dans la neige.Qu'est-ce que l'or? dit la neige.
—
Une enfance qui naît de la mort.Qu'est-ce que l'or? dit la mort.
—
L'immortalité du mystère.Qu'est-ce que l'or? dit le mystère.
—
Rien, sauf l'éclat de ma ténèbre.Quand l'abîme brûlera ton visage,
là,
juste à l'extrême bord du roc,
— veuille la nuit
(qui les a pistés, longtemps traqués parmi la neige)
détourner les mots.
les écarter assez de toi
pour qu'aucun d'eux n'assèche ton sang,
n'ait le pouvoir de te détruire!
Oui,
sauf ceux (mais où luisent, derrière le soupçon, leur signes?)
qu'imprègne le souffle, que baigne muettement la foudre de ce qui t'habite et te transmue,
— redoute-les!
Prêt à prier,
— expulse la langue qui limite.
Fuis celle qui leurre le guet, ensable l'angoisse fécondante.
Evite celle qui rassure
(fût-ce l'âme, fût-ce la solitude du corps).
Car même l'énigme qu'elle annonce, même le mystère qu'elle salue ne peuplent rien à travers elle...
Les mages le savent : nul vocable (piégé/piégeant) ne sauve du deuil, ne sonde l'outre-mort.
Nul. hors le vrai délire, ne connaît le sens : le secret. (Extrait)
Jean-Claude Renard
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