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Des filets de pluie sillonnent les grandes fenêtres
je ne sais pas j’aime ces jours-là
quand on n’attend rien qu’on ne peut rien faire
comme un chat comme un chat dort près du feu
toute la journée peut dormir toute la journée
comment s’occupent les vies
et les nuages si bas qu’on s’interroge
le regard perdu en soi
Geoffrey Squires.
Les éditions unes.
Traduit de l'anglais
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Dans mon âme a fleuri le miracle des roses.
Pour le mettre à l’abri, tenons les portes closes.
Je défends mon bonheur, comme on fait des trésors,
Contre les regards durs et les bruits du dehors.
Les rideaux sont tirés sur l’odorant silence,
Où l’heure au cours égal coule avec nonchalance.
Aucun souffle ne fait trembler le mimosa
Sur lequel, en chantant, un vol d’oiseaux pesa.
Notre chambre paraît un jardin immobile
Où des parfums errants viennent trouver asile.
Mon existence est comme un voyage accompli.
C’est le calme, c’est le refuge, c’est l’oubli.
Pour garder cette paix faite de lueurs roses,
O ma Sérénité ! tenons les portes closes.
La lampe veille sur les livres endormis,
Et le feu danse, et les meubles sont nos amis.
Je ne sais plus l’aspect glacial de la rue
Où chacun passe, avec une hâte recrue.
Je ne sais plus si l’on médit de nous, ni si
L’on parle encor… Les mots ne font plus mal ici.
Tes cheveux sont plus beaux qu’une forêt d’automne,
Et ton art soucieux les tresse et les ordonne.
Oui, les chuchotements ont perdu leur venin,
Et la haine d’autrui n’est plus qu’un mal bénin.
Ta robe verte a des frissons d’herbes sauvages,
Mon amie, et tes yeux sont pleins de paysages.
Qui viendrait nous troubler, nous qui sommes si loin
Des hommes ? Deux enfants oubliés dans un coin ?
Loin des pavés houleux où se fanent les roses,
Où s’éraillent les chants, tenons les portes closes
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Doucement, lentement, la neige tombait, la neige de Noël. L’air en était pointillé ; elle floconnait, s’attardait dans un tour de valse au coin des rues où soufflait la bise. Dans la plaine, elle descendait d’aplomb, serrée.
C’était le 24 décembre, le soir. Les maisons étaient fermées, personne ne sortait plus. De longues lames jaunes perçaient encore les joints des volets ; mais bientôt ces filtrations de lumière tarirent toutes.
La neige fit alors son œuvre, silencieusement. Elle se mit à choir plus drue, plus brillantée, dans un clair de lune molletonné de nuages. Elle abandonna ses laines par poignées, comme si toutes les nuées du ciel eussent perdu leur toison.
Un petit village, blotti dans un trou de terrain, la recevait sur ses épaules. Il s’en couvrait, frileux, avec ses granges, ses étables, ses meules, ses fumiers, ses huttes, ses fours, ses auges, ses écuries. Il se dorlotait ; les demeures avaient l’air de s’emmitoufler, de se pelotonner, de se serrer les unes près des autres, comme une famille de marmottes blanches.
Des tourbillonnements follets, des soulèvements de poussière givrée, passaient comme une fumée que le vent lutine. Il y eut un instant de furie tempétueuse d’émeute hurlante à travers les mélancolies de la nuit. On eût dit des plaintes de forêt tordue par l’ouragan.
Vers onze heures la neige cessa. Dans l’apaisement nocturne et le ciel dévoilé, les étoiles perlèrent. Un glacis bleu de lune courut sur l’immensité blanche du paysage. Tout angle s’émoussait ! Les maisons faisaient le gros dos et des ombres en ronde bosse moutonnaient dans les rues. Au milieu du village, l’église, avec les deux pentes jumelles de son toit rabattues comme des ailes, semblait abriter une couvée de cygnes dans un site norwégien.
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'The Edge of Winter' 61x61cm by Natalie Rymer - Natalie Rymer Art
website:http://www.natalierymerart.com/
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J'étais en train
de lire un livre
quand tout à coup
je vis ma vitre
emplir son œil absent d'oiseaux légers et ivres
Oui, il neigeait.
La folle neige !
Elle tombait
tranquille et fraîche
dans le cœur tout troué comme un filet de pêche.
C'était si bon !
et j'étais ivre
de ces flocons
heureux de vivre
que ma main oublieuse, laissa tomber le livre !
En ai-je vu
neiger la neige
dans le cœur nu !
Ah Dieu ! Que n'ai-je
su garder dans mon cœur un peu de cette neige !
Toujours en train
de lire un livre !
Toujours en train
d'écrire un livre !
Et tout à coup la neige tranquille dans ma vitre
Benjamin Fondane (1944)
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J'aimais la noire vallée, le bruit de l'eau à ma droite, ces flaques d'odeur, inexplicables, que je traversais tout à coup.
Les phares d'une automobile cachée tiraient violemment de l'obscur un dessin d'arbre, arrachaient à l'informe des fûts, des frondaisons figées - touchaient la forêt avec une espèce de doigt hagard.
Puis ils ont peint sur le talus mon ombre trébuchante, avançant, reculant par bonds et (j'entendais déjà ce trot de cheval peupler la solitude) côte à côte avec mon ombre, fraternelle, l'ombre d'un dragon derrière moi, qui s'élança soudain contre la pente, gagna la crête, immense, démesurée, et sauta dans le ciel.
Gustave Roud Air de la solitude
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