• LIBERTE CHERIE

    Tout est complet, inscrit. Chaque tige,

    chaque feuille gravée dans la matière

    du ciel. Même l'eau arrondit ses

    molécules sur le modèle de l'horizon,

    ourlant cette longue vague volup-

    tueuse sous la paume de la brise. La

    virgule d'un triton vient juste avant la

    fin de la dictée. Et pourtant manque le

    point. La phrase alerte ne cesse d'aller

    à sa guise, de pousser plus loin, à la

    découverte. Le mouvant palimpseste

    était calligraphié dès l'origine, mais à

    chaque instant, chez le dernier venu,

    des mots surprises se structurent, se

    peaufinent. Et partout la caline

    murmure : allons, la vie, on improvise !

     

    Jean Mambrino N'être pour naître ed José Corti 


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  • Commentaires

    1
    Jeudi 20 Juin 2013 à 07:38

    Beau texte. je dis cela spontanément parce que je n'ai vu le nom de l'auteur qu'à la fin.

    Et une idée me vient, est-ce que ça ne me rappelerais pas un texte sublime de Maurice Maetertlink sur les abeilles ?

    Là: http://www.gutenberg.org/catalog/world/readfile?fk_files=2344450&pageno=2

     

    Allez, pour la bonne bouche:

    En ce lieu, comme partout où on les pose, les ruches avaient donné aux
    fleurs, au silence, à la douceur de l'air, aux rayons du soleil, une
    signification nouvelle. On y touchait en quelque sorte au but en fête de
    l'été. On s'y reposait au carrefour étincelant où convergent et d'où
    raEn ce lieu, comme partout où on les pose, les ruches avaient donné aux
    fleurs, au silence, à la douceur de l'air, aux rayons du soleil, une
    signification nouvelle. On y touchait en quelque sorte au but en fête de
    l'été. On s'y reposait au carrefour étincelant où convergent et d'où
    rayonnent les routes aériennes que parcourent de l'aube au crépuscule,
    affairés et sonores, tous les parfums de la campagne. On y venait
    entendre l'âme heureuse et visible, la voix intelligente et musicale, le
    foyer d'allégresse des belles heures du jardin. On y venait apprendre, à
    l'école des abeilles, les préoccupations de la nature toute-puissante,
    les rapports lumineux des trois règnes, l'organisation inépuisable de la
    vie, la morale du travail ardent et désintéressé, et, ce qui est aussi
    bon que la morale du travail, les héroïques ouvrières y enseignaient
    encore à goûter la saveur un peu confuse du loisir, en soulignant, pour
    ainsi dire, des traits de feu de leurs mille petites ailes, les délices
    presque insaisissables de ces journées immaculées qui tournent sur
    elles-mêmes dans les champs de l'espace, sans nous apporter rien qu'un
    globe transparent, vide de souvenirs comme un bonheur trop pur.
    2
    Jeudi 20 Juin 2013 à 10:30

    Oui, tout reste encore à écrire: l'existentialisme contre l'essntialisme, la liberté créatrice contre la fatalité figée.

    Bonne journée!

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    3
    Jeudi 20 Juin 2013 à 11:18

    A Joruri Merci pour ce texte même moi y vois une ressemblance !

    4
    Jeudi 20 Juin 2013 à 11:19

    A Antigone Tout reste à écrire je ne sais pas mais pour moi tout reste à lire ! Bonne journée

    5
    Jeudi 20 Juin 2013 à 11:25

    Très beau ! :-)

    6
    Jeudi 20 Juin 2013 à 11:37

    Merci Cédric de ton passage. :-) 

    7
    Jeudi 20 Juin 2013 à 12:28

    Il y a le texte entier de Maeterlink sur le site indiqué, et ce texte est phénoménal.

    C'est, avec Michaux, le deuxième Belge qui fait très mal avec une plume...

    8
    Jeudi 20 Juin 2013 à 13:46

    Merci pour la précision, ja vais aller lire et pour la découverte puisque je ne connaissais pas Maeterlink.

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