• Chanson

     

    Mon cheval arrêté sous l'arbre plein de tourterelles, je siffle un sifflement si pur, qu'il n'est promesses à leurs rives que tiennent tous ces fleuves.

    Feuilles vivantes au matin sont à l'image de la gloire)...

    Et ce n'est point qu'un homme ne soit triste, mais se levant avant le jour et se tenant avec prudence dans le commerce d'un vieil arbre,

    appuyé du menton à la dernière étoile,

    il voit au fond du ciel de grandes choses pures qui tournent au plaisir.

    Mon cheval arrêté sous l'arbre qui roucoule, je siffle un sifflement plus pur...

    Et paix à ceux qui vont mourir, qui n'ont point vu ce jour.

    Mais de mon frère le poète, on a eu des nouvelles. Il a écrit encore une chose très douce. Et quelques-uns en eurent connaissance.

     

    Enfance, mon amour, j'ai bien aimé le soir aussi

    c'est l'heure de sortir.

    Nos bonnes sont entrées aux corolles des robes...

    et collés aux persiennes, sous nos tresses glacées, nous

    avons

    vu comme lisses, comme nues, elles élèvent à bout de

    bras l'anneau mou de la robe.

    Nos mères vont descendre, parfumées avec l'herbe -

    à-Madame-Lalie... Leurs cous sont beaux. Va devant et

    annonce Ma mère et la plus belle ! - J'entends déjà

    les toiles empesées

    qui traînent par les chambres un doux bruit de tonnerre...

     

    Et la Maison! la Maison ?.. on en sort !

    Le vieillard même m'envierait une paire de crécelles

    et de bruire par les mains comme une liane à pois, la

    guilandine ou le mucune. Ceux qui sont vieux dans le pays tirent une chaise sur

    la cour, boivent des punchs couleur de pus.

     

    Saint John Perse




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  • Commentaires

    1
    Mardi 24 Février 2015 à 17:08

    Quelle merveille ! Il n'y a plus rien à "comprendre" on laisse juste dériver la pensée portée par les mots !

    Délicieux !

    2
    Mardi 24 Février 2015 à 22:49

    "Et ce n'est point qu'un homme ne soit triste, mais se levant avant le jour et se tenant avec prudence dans le commerce d'un vieil arbre,

    appuyé du menton à la dernière étoile,

    il voit au fond du ciel de grandes choses pures qui tournent au plaisir."

     

    ENCORE !!! J'adore ça !!! :)

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