• Dévot Opsimathe

    Dévot. Homme de dévouloir. Je n'a plus rien ni personne a revendiquer. Il est devenu nu.
    Ce grand bonheur, le vrai, celui qui est devant, en opposition aux faux qu'on traîne toujours par derrière, qui nous rembobinent dans le passé, qui nous marécagent dans un temps mort. Non le vrai celui qui enfançon court au devant en riant "attrape-moi, attrape-moi"
    et tu es seul au milieu de la montagne creuse et tu ne t'es même pas vu arriver dans la caverne des Sachants !
    Le talon léger tu as été attiré par toute cette joie qui se joue de tout là devant, qui t'a encordé, t'as jeté vers le haut, vers l'en avant,
    là où la course n'a plus d'obstacles, dans un air raréfié orné d'insectes d'or.
    Tu as accouru de manière naturelle vers la surnature, défait de tout complexe tout est devenu simple. Portes ouvertes en tous lieux,
    charme de temples ouvrant sur des temples embellis de tant de parfums et de formes. Tu franchis des seuils sur les pas de cet enfant là sans même t'apercevoir que le chemin de retour s'est dissout comme le tout dernier nuage.
    Tu es porté à enjamber et les théories et les phonèmes, et les lourdes masses intellectuelles chargées de paroles lourdes et molles.
    Les mots ne sont plus que des cadavres, des exuvies dispersées dans un vent balayant. Il y a toi et la lumière en conciliabule. En tête à tête avec la lumière de la lumière de la lumière. Sapience extrafine, haleine d'ange, aura de rose. Tu ne sais pas mais tu es su.
    Ni ne vois mais es vu. N'entends pas mais est rendu entendant.
    A nouveau chaque matin l'enfance ouvre ses yeux sur un soi neuf. C'est la fête qui recommence, l'annonce faite à ton âme appelée Marie ne concerne plus une fin funeste de fureur et de cœur percé d'un glaive, mais d'une aurore enchérissant sur toute aurore, éblouie d'une promesse que rien ne ternit.
    Tu es libre à la vie à la mort. La distance entre les deux n'est qu'un soupir. Un relâchement. Ta volonté est telle une huile,
    un hydrolat d'une fluidité d'éther. Qu'importe tout désormais ? Tu es voyagé vers ton home.
    Christ notre pâques a été immolé. La mer est franchie, le grand fracas des tempêtes qui secouent l'histoire est franchi. A pied sec sur les vagues, allégé d'un souffle descendu du paradis tu "t'avances vers ce qui t'est donné." (Jean mambrino)
    Ton traîne encore pour un temps la carapace disloquée d'un corps dans lequel tu n'es plus enchassé. Au fond de toi il y a l'étincelle,
    mille milliard de milliards de milliards de soleils s'effacent comme une vapeur devant cette étincelle plus suave que la mort bienheureuse. Ton centre est dans Son centre, ton cœur est au paradis, et le reste est là, à écrire des poèmes, à aimer assez les hommes pour leur dire: "C'est ouvert, on peut entrer !" jean Mambrino.

    Dévot. Dévolu, comme chacun à soi-même hélas. Que peux-tu bien faire du mini dieu que tu es ? A le caresser, à l'entourer de copyrights, à marchander tes grandes pensées comme si tu pouvais créer quelque chose ! Dévot du dieu que tu te crois, tu crois en toi, cet amas transitoire d'impressions fugaces, de rêveries avortées, de songes qu'un zephyr efface. Dévot de soi, s'aimer
    idolement, se penser créateur, auto-rédempteur, sage remarquable au milieu d'un monde adverse qui n'a rien à chaloir de ce que tu sois ou non.
    Dévot, Dévoué. Être voué au passager, au relatif, à l'éphémère, au dispensable, à l'égotisme, et être dévoué à l'éternel, à la solide vérité, à l'imperdable, à l'essentiel, à la vie en personne !
    Réflexion faite je ne me suis pas choisi comme centre de mon monde. C'est ainsi que je me suis trouvé mon NOM.
    "Dieu s'est fait homme afin que l'homme devienne Dieu." St Irénée.

    Là l'érudition est l'ennemie du savoir. Là l'intelligence reste à la porte comme une simple servante. Là les mains vides conditionnent la plénitude, là l'esprit oublié se mue en amour, en joie, en pacification. Là tu n'es plus qu'un "OUI".
    Tu as honte en y repensant, de ton intelligence, de tes victoires, de tes enthousiasmes. Ils gisent à tes pieds comme des haillons répugnants. Toute cette bale sera jetée au feu. Tu avanceras dans cette lumière comme une flamme dansante, renouant avec le mouvement même, le mouvement pur de ton être. Tu as beaucoup pensé, mais enfin ici, tu réfléchiras, lumière dans la Lumière.

     

    Opsimathe


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  • Commentaires

    1
    opsimathe
    Vendredi 30 Juin 2017 à 18:33

    Déjà ? Bigre !

    J'ai retrouvé ça de Jean Claude Renard, que décidément j'aime profondément:

    EXPLORATIONS

    Je cherche des pays pareils à l'aventure, végétaux, traversés d'enchanteurs inconnus, des pays d'albatros que mon cœur a perdus dans les brumes du
    Sud, dans les terres

    obscures.

    Ils flottent sous la mer et leurs amours sont noirs et mon amour mortel ne sait plus qu'ils m'attendent avec des corps d'arums, de cuivre, de lavande et que dort dans mon sang la couleur de
    leurs soirs.

    J'ai dit le mot nocturne et bu les eaux sauvages, j'ai touché l'or, le feu — j'ai suivi des voyages d'où je n'ai rapporté que des oiseaux mourants.

    Où sont ensevelis les pays qui m'appellent, dans les algues, le sel, dans la chair des enfants, — n'ont-ils pas transmué ma race rituelle ?

    * **

    Comme un mage ancien, comme un roi de légende je tuerai les sorciers qui saignent sur la mer, les démons au corps triste et les esprits des landes qui remontent en moi de mon premier
    enfer.

    J'ai vu dans des pays plus doux que des enfances le ciel antérieur où chantent les soleils, le feu des grandes fleurs qui guérissent l'absence et les jours épaissis des
    déluges vermeils.

    Quand j'aurai découvert les nouvelles contrées que désolent encor tant de lunes glacées un sortilège blanc inventera ma faim.

    Les départs me prendront avec leurs mains de femme, des mains pleines de nuit, de coqs et de parfums dont les amours poignants ont envoûté mon âme.

    * **

    Il est près de la mer un pays transparent, un pays d'arbres frais et de poissons étranges où j'irai voyager avec un corps d'enfant, il est un pays vert profond comme des
    anges.

    Je ne veux pas mourir dans l'odeur de mon sang avant d'avoir aimé ce pays sans mélange dont j'ai le cœur chargé de l'amour déchirant, ce pays de cristal, d'or, de
    raisins, d'oranges.

    Un prince plus secret que le sommeil d'Adam

    me hante depuis tant de taciturnes vies

    qu'il me faut m'en aller vers les pays puissants.

    Y trouverai-je encor les plantes et les pluies que désire ma soif comme un matin natal, les philtres fabuleux qui calmeront mon mal ?

      • Samedi 1er Juillet 2017 à 08:12

        Ah ben c'était dans les tuyaux hein j'attendais juste ton feu vert sleep

         

        Décidément, Jean-Claude Renard c'est quelque chose aussi cool

        Merci ^^

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    2
    opsimathe
    Samedi 1er Juillet 2017 à 09:01

    C'est cette musique, ces parfums, ces couleurs qui jaillissent de ses pages. Pas de féerie, simplement le mouvement des éléments les uns par rapport aux autres qui entretissent une vision à la fois immatérielle et concrête. Toutes ces menthes, ces laits, ces pierres, ces végétaux qui sont là comme une série de signes adressés à des voyants. Il faudrait un génie pour nous en faire une musique, il faudrait ne jamais perdre un tel poète, ne jamais ensevelir ces sonates sous le vacarme des mots urbains jetés en désordre.

    On est là devant ces chapelets de fruits comme devant un autel, un altar sur lequel reposent des paysages, des signes, des valeurs.

     

    Admirable écrivain, qui maîtrise ce qu'il faut de mystère pour nous inciter à être attentifs, concentrés, appliqués.

     

    http://studiominimalista.tumblr.com/

      • Dimanche 2 Juillet 2017 à 10:11

        yes

        Parfois pas facile d'être concentré et assez attentif et appliqué.

      • Dimanche 8 Novembre 2020 à 14:32

        Tiens ça faisait longtemps que je n'étais pas venue par ici lire un peu : un bien fou je crois que je vais relire un Jean-Claude Renard besoin de m'oxygéner pour de bon. Merci Opsimathe

         

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