-
Cinq heures
Ma table de Café,
Comme je la chéris... La coquette,
Toute en marbre poli,
Qu'elle est jolie et qu'elle est fraîche !
Avec un siphon vert au milieu,
Et, à côté, les allumettes
Devant mon verre rempli
D'une boisson légère.
(J'ai toujours proscrit les liqueurs,
Les trouvant peu décoratives :
Les sirops ont des couleurs
Plus vives et plus brutales.)
C'est sur elle que je peux écrire
Mes vers argentés,
Au grand étonnement des garçons
Qui me regardent sans compendre.
Sur elle je pose mes bras
Avec détachement,
Cherchant dans l'air les vestiges
De ma vie passée.
Ou bien, grillant des cigarettes,
- Car cela fait un an que je fume -
J'imagine et je confectionne
Mes petites intrigues bizarres.
(Et si par hasard devant moi
Passe l'éclat d'une jolie femme,
La fumée de ma cigarette
Va l'embrasser, bien entendu...)
L'arrivée d'un nouveau client,
C'est un nouvel acteur sur la scène,
Car mon regard ennuyé
Lui prête aussitôt un rôle.
Et le rouge de ces lèvres
Qu'au fond j'aperçois, si tristes,
Dans ma pensée persiste
Et ne la quitte plus.
Telles sont les futilités
Enfermées dans mon souvenir ;
De ces visions fugitives
Naissent mes plus fortes nostalgies...
(Telle histoire en Or, si belle,
Dans ma vie avorta :
Je fus un héros de roman
Inemployé par les auteurs...)
Dans les Cafés, j'attends la vie
Qui jamais ne vient à moi :
- Je ne suis pas en peine
Du temps qui passe en courant.
Mon but est de passer le temps,
L'idéal qui seul me reste :
Pour moi, il n'est plus belle fête,
Et je ne trouve rien plus beau.
- Cafés de ma paresse,
Vous êtes aujourd'hui - quel exploit ! -
Tout mon terrain d'action
Et toute mon ambition.
Paris, septembre 1915
Mario de Sa-Carneiro Poésies complètes ed Minos La différence
Tags : vie, cafe, boisson, écrire, vers, cigarette, femme, temps, beau, paresse, pensée, client, Sa-Carneiro
-
Commentaires
Ravie d'être à l'origine de cette découverte ! :-) Bonne journée Icilondres, je t'embrasse aussi.
Je ne connaissais pas du tout... merci pour cette découverte.
J'ai vu ton commentaire chez Pascal...
C'est vrai que ce n'est pas facile à trouver lorsqu'on ne connaît pas ce blog.
Pour souscrire, il suffit de laisser un message là-bas, en précisant ton adresse mail dans la case prévue à cet effet.
Elle n'apparaît pas sur le blog, mais cela me permet de t'envoyer toutes les précisions nécessaires.
Merci encore.
5MAX 777Vendredi 30 Août 2013 à 14:11C'était, peut-être le temps d'avant... Qui,vient encore prendre le temps de s'installer là, à une terrasse de café?
J'en fus aussi à regarder avec mon regard de petite fille et d'insouciance, il faut que je complète, que je finalise... Ca fait du bien de rencontrer des gens qui ont vécu la même chose que NOUS, nous n'étions pas fous!
Je t'invite pour à une menthe à l'eau ...
Max
Rien ne démarre sans une tasse de café, un regard posé sur le jour qui se lève sur la colline d'en face. Un vrai petit rituel, instant fugace mais essentiel qui conditionne tout le reste de la journée.
Merci pour cette jolie poésie Rien!
Moi, je ne bois plus de café depuis des années ! ( J'ai remarqué que ça me fait trop d'effet !! :-) ) Je me contente d'une tasse de thé le matin. (ça contient bien moins de caféine ( théine et la caféine étant deux noms qui désigne la même molécule ! )) ( et je n'ai pas de goûts de luxe : le plus simple des thés vert premiers prix ! ) :-)
(Oui je sais tout le monde s'en fout (moi le premier) mais je le dis quand même ! )
Je n'aime pas l'amertume du thé vert pourtant j'ai essayé de m'y mettre mais rien ne remplace mon café ! :-) C'est toujours avec plaisir que j'en apprends un peu plus sur les autres donc moi je ne m'en fous pas. :-)
Le thé vert avec une petite feuille de menthe marocaine voila de quoi bien commencer la fin de semaine ... La semaine c'est rooibos ... sans caféine sans théine ... la douceur pour attaquer une journée de travail ...un antioxidant ...pour ne pas rouiller ...
Le corps et l'esprit ne font qu'un ... prendre soin de son corps c'est prendre soin de son esprit ... prendre soin de son esprit c'est prendre soin de son corps ....
14MAX 777Dimanche 1er Septembre 2013 à 13:19Pout conjurer le chiffre 13 ;-)
Le café des trois colombes
by Joe Dassin
Nancy en hiver, une neige mouillée
Une fille entre dans un café
Moi, je bois mon verre, elle s´installe à côté
Je ne sais pas comment l´aborder
La pluie, le beau temps, ça n´a rien de génial
Mais c´est bien pour forçer son étoile
Puis vient le moment où l´on parle de soi
Et la neige a fondu sous nos pas
On s´est connus au café des trois colombes
Aux rendez-vous des amours sans abri
On était bien, on se sentait seuls au monde
On n´avait rien, mais on avait toute la vie
Nancy au printemps, ça ressemble au Midi
Elle m´aime et je l´aime aussi
On marche en parlant, on refait la philo
Je la prends mille fois en photo
Les petits bistrots tout autour de la place
Au soleil ont sorti leurs terrasses
Mais il y avait trop de lumière et de bruit
On attendait qu´arrive la nuit
On se voyait au café des trois colombes
Aux rendez-vous des amours sans abri
On était bien, on se sentait seuls au monde
On n´avait rien, mais on avait toute la vie
Nancy, c´est trop loin, c´est au bout de la terre
Ça s´éloigne à chaque anniversaire
Mais j´en suis certain, mes chagrins s´en souviennent
Le bonheur passait par la Lorraine
Elle s´en est allée suivre d´autres chemins
Qui ne croisent pas souvent les miens
Je t´ai oubliée, mais c´est plus fort que moi
Il m´arrive de penser à toi
On se voyait au café des trois colombes
Aux rendez-vous des amours sans abri
On était bien, on se sentait seuls au monde
On n´avait rien, mais on avait toute la vie--------------------
Vrai!
Max '
<table cellspacing="0" cellpadding="3" width="12" height="15"> <tbody> <tr class="cont_a"> <td width="430"> </td> <td width="350"> </td> </tr> <tr class="corr"> <td> </td> <td> </td> </tr> <tr class="fd_top"> <td class="contentT" align="right"> </td> <td class="content" style="padding-top: 7px;"> </td> </tr> </tbody> </table>
Ajouter un commentaire
Alors là je suis sidérée , effondrée de façon positive.
Comment j'ai pu passer à côté de cet auteur , devant la beauté infinie de ce qu'il écrit et qui répond mot pour mot à mes attentes, à mon vide., comment j'ai pu le laisser en chemin lui qui s'est suicidé à 26 ans et moi ayant l'obssession des écrivains qui se sont donnés la mort...
Quand je lis:
"L'arrivée d'un nouveau client,
C'est un nouvel acteur sur la scène,
Car mon regard ennuyé
Lui prête aussitôt un rôle."
plus loin :
"Dans les Cafés, j'attends la vie
Qui jamais ne vient à moi :
- Je ne suis pas en peine
Du temps qui passe en courant."
Mon but est de passer le temps,
L'idéal qui seul me reste..."
je n'ai qu'une envie irrépressible, je cours commander tout ce que je trouve sur Mario de Sa-Carneiro
et tout à ma joie, je t'embrasse très fort Rien