• Paysages

    Paysages paisibles ou désolés.

    Paysages de la route de la vie plutôt que de la surface de la Terre.

    Paysages du Temps qui coule lentement, presque immoblile et parfois comme en arrière.

    Paysages des lambeaux, des nerfs lacérés, des "saudades".

    Paysages pour couvrir les plaies, l'acier, l'éclat, le mal, l'époque, la corde au cou, la mobilisation.

    Paysages pour abolir les cris.

    Paysages comme on se tire un drap sur la tête.

     

    Henri Michaux Choix de poèmes ed Gallimard


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  • Commentaires

    1
    joruri
    Dimanche 18 Août 2013 à 09:02

    Quelle belle asocialité ! Quel beau refus ! Le mot "mobilisation" sonne si vrai, si choisi et parfait ! Du grand art. Ce retrait du à l'intelligence qui a compris que les hommes avec tous leurs gonfalons, leurs appartenances factices, leurs mots d'ordre sont dangereux, dangereusement bêtes  !

    Ce besoin de se repaître de beauté pour être consolé de la furie sidérique du monde...(peu de dictionnaires ont censervé le mot "sidérique":

    SIDÉR(O)-,

    Préfixe qui signifie fer.

    (Littré)

    2
    Dimanche 18 Août 2013 à 09:56

    Mon dictionnaire ne l'a pas conservé, pas de sidérique. Besoin de beauté oui comme beaucoup d'entre nous malgré tout. 

    3
    Dimanche 18 Août 2013 à 10:38

    Oui besoin de beauté et besoin aussi d'amitié et de fraternité, la vraie aussi, celle qui n'est pas facile, parce qu'elle ne se tait pas dans un silence complice, celle qui ne te dit jamais: "vas-y mon gars, continue à mépriser le genre humain, continue à surplomber l'humanité". Mais qui te réveille en te disant simplement: "toi, vous tous je vous aime bien, et si nous partagions la beauté avec optimisme."

    Sidérant n'est-ce pas?

    Apprendre qu'en bas comme en haut, les paysages sont multiples et que ce ne sont pas des champs de haine. La haine consiste bien souvent dans le fait de se tromper de cible..... tout simplement.

     

    4
    Dimanche 18 Août 2013 à 10:41

    "Viendre", un mot fréquent dans le monde du point de croix, toute une caricature....

    5
    Dimanche 18 Août 2013 à 11:03

    Oui partageons la beauté avec optimisme ! Je ne savais pas pour "viendre". Bonne journée Antigone.

    6
    Dimanche 18 Août 2013 à 11:12

    çà ne fait rien, çà fait partie de ces choses qu'il faut bien vite oublier car elles sont inintéressantes.

    Et que les choses soient bien claires, la "morale" ne m'intéresse pas, seulement ces sentiments qui nous construisent tout simplement parce qu'ils luttent contre tous les préjugés qui ont la couleur de la haine.

    7
    Dimanche 18 Août 2013 à 11:24

    J'avais bien compris Antigone

    8
    joruri
    Dimanche 18 Août 2013 à 15:11

    "...ces sentiments qui nous construisent tout simplement parce qu'ils luttent contre tous les préjugés qui ont la couleur de la haine."

     

    Pardonne-moi Antigone, mais ça ressemble à s'y méprendre à une morale ! ;)

    9
    Dimanche 18 Août 2013 à 15:24

    Tu souhaitais des définitions Polymathe, en voici deux qui distinguent la morale  des sentiments:

    Sentiment: Conscience plus ou moins claire, connaissance  comportant des éléments AFFECTIFS et intuitifs.

    Morale: Science du bien et du mal. Théorie de l'action humaine en tant qu'elle est soumise au devoir et a pour but le bien.

    Et oui J' INTUITIONNE que haïr Autrui ne me fera jamais de BIEN.

    Et je me réjouis lorsque le savoir et l'intelligence éclairent le monde.

    10
    joruri
    Dimanche 18 Août 2013 à 16:17

    "Morale: Science du bien et du mal."

    Lutter contre la haine ce n'est pas de la morale ?

    Si la morale a pour but le bien, je vote pour ! Même s'il faut s'entendre sur les mots "morale", "bien", "mal" ou "haine", je pense qu'il y a à dire.

    (en plus je ne suis pas sûr que le savoir éclaire le monde. On n'a jamais eu autant de "savoir", bonjour les dégâts !)

    Michaux montre dans son texte un pessimisme foncier concernant la nature humaine, qu'au fond je partage. Mais s'il préfère tirer sur lui le paysage comme un drap (il est en cela poète) personnellement, je préfère penser et parler. On ne sait jamais qui pourrait écouter...

    "Criez avec cent mille langues: je vois qu'à force de silence le monde est  pourri !" Catherine de Sienne.

    Je te taquine...

    11
    Dimanche 18 Août 2013 à 17:28

    Oui et moi aussi je te taquine ..

    Allons je ne suis pas d'un grand optimisme concernant la nature humaine. Mais je ne vote pas non plus pour le désenchantement perpétuel et la désespérance. Etre lucide  n'empêche pas de penser qu'il existe dans le monde des clairières dans lesquelles la bêtise humaine ne sévit plus. Sinon quoi, on s'assoit et on se lamente, on se résigne fatalistes jusqu'à la fin des temps? Il y a du chaos dans le monde, mais il y a aussi un peu de paix à partager avec nos semblables.

    Et je ne parle pas non plus de ce savoir qui dégouline comme de la confiture.

    Quant à la morale, oui, il y a beaucoup à dire, il y a cette morale qui dégouline elle aussi comme la confiture, et puis celle qui nous incite au bien....

     

     

     

     

     

    12
    joruri
    Dimanche 18 Août 2013 à 17:49

    Mon problème consiste à discerner entre ce que je dois taire et ce que je dois dire. Tout le monde est devenu susceptible, et c'est d'ailleurs ce qui crée le terrain favorable au retour de la censure. Pourtant, il y a un bien et un mal.

    Si le pinacle du bien est l'amour, le pinacle du mal est la haine. Dit comme cela tout semble simple, mais les innombrables modalités de l'un et de l'autre, la facilité qu'il y a de basculer de l'un à l'autre - c'est toujours au nom du "bien" qu'on a fait les pires horreurs - font de ce thème un thème épineux, profond, mystérieux autant que sensible. Les gens ne veulent pas qu'on "leur fasse la morale" ignorant que l'enjeu de la morale n'est pas la morale, mais la sagesse. Et sans sagesse, on ne va pas loin, et on rate sa vie.

     

    13
    Dimanche 18 Août 2013 à 19:28

    Je partage totalement ton point de vue.

    Et comme tu le dis très bien, il n'y a rien de pire que ce déguisement moral dans lequel au nom du bien on commet le pire; il n'y a qu'à songer par exemple à l' époque de la collaboration, où l'on faisait héroïquement son devoir en pratiquant l'ignomineuse délation.

    Par contre non, Polymathe, personne n'est susceptible, ne te pose pas de questions et dit tout ce que tu as envie de dire. Il faut continuer à rire et à être curieux et authentiques, et ne pas se cacher alors qu'on écrit avec de jolis mots comme les tiens. C'est pour cette raison-là précisément que j'ai réagi sur ton commentaire de ce matin: ce serait vraiment dommage de ne pas croire suffisamment en la nature humaine pour continuer à partager.

    On ne peut pas être d'accord sur tout, tout le temps, et alors, la belle affaire, c''est cela qui rend les échanges féconds. Tu ne voudrais quand même pas qu'on se transforme tous en perroquets lol?

     

     

    14
    joruri
    Lundi 19 Août 2013 à 08:02

    Je pensais à l'inquisition. Je pense aux intégrismes de tous bords, aux nationalismes. A toutes ces "vérités" au nom desquelles on s'entretue. C'est pour cela que j'ai trouvé le mot de Michaux "mobilisation" si bien choisi, lui qui était moins loin de la guerre que nous ne l'a pas écrit par hasard. Il savait le danger des "grandes causes" et des "nous autres ceci, nous autres cela". Il est comme moi sur ce point, il hait toute forme de collectivisme. Sollers un jour à dit que toujours la collectivité lutte contre l'individu, et c'est très juste.

    15
    Lundi 19 Août 2013 à 13:35

    Je ne suis pas complètement d'accord avec toi Polymathe, bien que dans le fond, je suis comme toi sans grande illusion; et c'est pourquoi je te comprends aussi.

    Mais parfois c'est une question de stratégie: en face d'un char, quoi de mieux que le multiple? Et même sur la place tien-an-men... ils étaient si nombreux derrière cet homme courageux arrêtant les chars.

    Tout ce qui est collectif est à l'image du grand inconscient collectif, capable du pire comme du meilleur, des pires dérives, comme de toutes les libérations progressistes.

    Mais le plus souvent, je préfère opposer à la collectivité la fraternité....

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