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Jean Mambrino
Le mot de passe est un recueil composé de textes de deux lignes, ci-dessous quelques uns de ces textes.
Un jardin où demeure
l'odeur de la pensée.
L'oubli
pour se souvenir.
Trouve ce nulle part
en tous lieux.
Naître
dans un regard.
Un poème dont chaque mot
imite le silence.
Le coeur croise sa souffrance
sans la reconnaître.
Trois brindilles suffisent à l'araignée
pour tisser sa constellation.
Plus lente que l'indolence
l'irruption du poème.
Tout partage approfondit
le mystère du désir.
Lorsque la solitude
devient le havre de l'amour.
En allant vers lui, vers elle,
c'est toi que tu découvres.
Tous les chemins divergent
pour aider les rencontres.
Un tonnerre
qui parlerait à voix basse.
Ne demeure
que ce qui change.
Ils se reconnurent
à leurs blessures.
Efface pour inscrire
l'invisible.
Jean Mambrino Le mot de passe ed José Corti
Tags : mambrino, désir, araignée, poème, solitude, rencontres, tonnerre, blessures, invisible, amour, mystère, jardin
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Commentaires
A Joruri tu avais commenté en utilisant cette citation "le havre de l'amour" mais je l'ai reprise parce que je la trouve très juste, je vais aller consulter des citations d'Emmanuel Levinas pour me faire une idée.
"Un jardin où demeure
l'odeur de la pensée."
Un parfum d'Infini, une pensée de l'Invisible, et le regard d'Autrui qui nous maintient dans la paix.
Merci chère Rien de faire ainsi voyager nos âmes dans la beauté poétique; je vais rêver qu'elle a aussi investi le monde...
Passe une douce et belle journée!
Merci Rien de nous avoir donné le mot de passe .... Pour Rien que quelques mots ...
Comme tu t'en doute surement j'aime ...
Enore plus court et concis qu'un Haïku ...
L'essentiel tien souvent en bien peux de mots...
Penser ses plaies
Dans les pensées de son jardin
"Un poème dont chaque mot
imite le silence."
Le silence plus parlant que les mots.... je connais ...
"L'oubli
pour se souvenir."
"L'oubli
pour conserver l'essentiel"
"Naître
dans un regard."
Naître dans un regard et être tué par un autre (regard)
N'être que dans ton regard .
"Trois brindilles suffisent à l'araignée
pour tisser sa constellation."
Prenons exemple sur l'arraignée
"Lorsque la solitude
devient le havre de l'amour."
Se rencontrer soi pour aimer les autres ...
"Ne demeure
que ce qui change."
Le changement c'est la vie ... tiens "samedi" quelque chose
En allant vers lui, vers elle,
c'est toi que tu découvres.
Tiens Tiens c'est peut être à ça que servent les blogs ...
"Efface pour inscrire
l'invisible."
Nous ne voyons l'invisible qu'avec le coeur ...
Merci pour ce partage Rien j'ai pris beaucoup de plaisir les trésors dont tu nous as donné le mots de passe ...
De rien XYZen, je vois que ça t'a inspiré ! J'aime particulièrement "se rencontrer soi pour aimer les autres" et "nous ne voyons l'invisible qu'avec le coeur".
"se rencontrer soi pou aimer les autres"
pourrait aussi être une définition de l'art de vivre Zen ...
Je pratique souvent le cheminement inverse: rencontrer tous ces autres qui ne sont justement pas nous, pour agrandir l'univers du soi.
J'ai toujours progressé (je parle d'apprentissage bien sûr, pas de toutes ces influences si superficielles et artificielles) en écoutant d'abord d'autres discours, d'autres mots; et pendant tout ce temps, je suspends tout, tout ce qui m'est familier, mes façons de voir, mes manières d'être, mes crédos. Je ne reviens vers moi qu'ensuite, en tentant une synthèse jamais définitive, qui laisse la place à d'autres enrichissements, d'autres façons d'appréhender le monde.
Certes il faut savoir qui on est pour se poser en face des autres. Mais la véritable évolution pour moi consiste à se détacher réellement un moment de tout ce qui fait nos certitudes.
Il y a bien sûr celles, fondamentales, qui font que nous sommes nous-mêmes et que nous serons fidèles à ce que nous sommes; mais bâtir tout un monde à partir du moi, c'est cela que je crains dans la philosophie de l'éveil parfois. Et c'est aussi pourquoi elle me semble souvent trop ressembler à une doctrine qui ne laisse pas suffisamment de place à d'autres concepts, d'autres mots, d'autres pensées.
Je pense évidemment qu'il y a de très grands philosophes orientaux, avec des trésors de sagesse qui valent toutes celles de l'occident, et bien plus encore parfois si l'on songe à certains de nos philosophes.....
Mais ce que j'adore par dessus tout c'est lorsque les frontières tombent, lorsque l'orient parle avec l'occident, le nord avec le sud, la philosophie avec la sculpture, les mathématiques avec l'astronomie etc...
Plus que les doctrines, j'aime le croisement, la confrontation de la multitude des pensées. Je vois aussi une grande sagesse lorsque nous nous passons des doctrines. L'impression de planer dans un ciel qui s'affranchit alors de tout pour laisser la place à tous les autres justement.
Les profs qui m'ont d'ailleurs le plus impressionnée sont ceux qui étaient capables de passer de Kant à Lao tseu dans un mouvement dialectique totalement naturel. Leurs salles de cours avaient la taille de l'univers....
Mais ce n'est que mon point de vue, si subjectif.
Ca ne t'étonnera pas j'aime beaucoup la forme, la concision de ces "textes" ! :-)
J'aime aussi, et c'est l'essentiel, ce que disent certaines de ces "doubles-phrases". :-)
A Cédric, ça ne m'étonne pas en effet puisque c'est aussi le style de ton blog comme forme. Le fond est cependant tout aussi important et contente que tu apprécies.
A XYZen et Antigone : J'ai les mêmes réticences qu'Antigone vis à vis du Zen mais ça ne m'empêche pas d'y piocher parfois un peu.
Moi aussi j'avais des réticences .... je pensais que la secte n'était pas loin ...
Le Zen à l'occidentale n'a gardé que l'esprit et abandonné les japonaiseries et les chinoiseries ...
Deux livres intéressants
Comment peut-on être zen ? de Jacques Casterman
"Le centre de l'être" de Dürkheim ...
et une petite histoire ... tirer du livre "le guerrier pacifique" de Dan Millman
Un vieux moine commença à remplir la tasse jusqu'au bord, puis continua de verser. Le thé déborda sur la table, puis coula par terre...
Comme cette tasse, nous sommes déjà plein de connaissance et d'idées préconçues. Pour pouvoir apprendre, commençons par vider la tasse....
Nous sommes plein de connaissances inutiles, nous possédons trop de connaissance sur le monde et nous nous connaissons guère nous même...
Seule la vie peut enseigner. Elles offre de nombreuses expériences et si les expériences apportaient par elles-mêmes la sagesse et la plénitude, toutes les personnes âgées seraient des maîtres illuminés et heureux. Nous faisons beaucoup d'expérience mais nous apprenons peu à voir le monde clairement...
J'ai suivi votre discussion. Et je préfère ne pas trop parler de ces choses. Simplement ce que propose l'orient est à l'opposé de ce que je cherche.
Je ne cherche pas le bien-être.
Mais pourquoi XYZen? Par crainte du désordre?
J'aime ce qui détonne, j'aime l'insolence, la fêlure.
Lorsque tu te trouves en face de gens limpides comme de l'eau de roche (encore faut-il que cela existe, j'ai quelques doutes là-dessus aussi lol), est-ce que tu ne t'ennuies pas?
Perso le spleen me gagne très vite.
A cette vision du bonheur comme un accord, un équilibre qui part du moi, je n'adhère pas trop.
Es tu dans le monde du travail ... actuel ... ?
As tu déjà travaillé dans une grande société industrielle ... ?
T es tu déjà faite broyée ... laminée ... exploitée ... ?
Ne désirerais tu pas alors trouver un peu de calme ... ?
D'une manière ou d'une autre ...
Du calme bien sûr que si, et je sais les ravages du travail en miettes; mais je pense que la définition de ce calme varie en fonction des personnes, et même des moments dans une journée, ou dans une vie. Ce n'est pas forcément une question d'harmonie à tout prix.
Il m'arrive d'être fatiguée, et puis hop tout-à-coup une lecture insolite, une discussion avec une personne enjouée, et zou tout revient à la bonne humeur. Ce n'est pas forcément dans le calme plat que je me repose, même si c'est aussi dans ce calme-là, parce que je le recherche à des moments précis.
Je n'ai rien contre la philosophie zen, je comprends qu'elle puisse contenter ceux qui la mette en pratique, mais ce n'est pas dans une seule façon de voir que je me repose.
Cela dit, c'est l'heure du marchand de sable, bonne nuit XYZen!
Bonjour Antigone
As tu vécu ...le travail ... en miettes ... ?
La rechercher du calme intérieur ... n'est rien d'autre que la recherche d'une certaine spiritualité ... dans cette société de consomation qui promet tant... donne si peu ... et rejette beaucoup...
L' art de vivre Zen est pour moi juste une ligne directrice ...
elle ne m'empèche pas d'être et d'aimer autre chose ...
Mes philosophes préférés ...
Alexandre Jollien "petit taité de l'abandon" Pensée pour accueillir la vie telle qu'elle se propose
André Compte-Sponville ... "Le goût de vivre" et cent autres propos
Un écrivain que j'aime aussi Christian Bobin "l'homme joie"
As tu déjà lu un des ces livres...
Penser ses bessures ...
En penssant les pensées ...
de son jardin ...
Secret ...
Antigone, J'aime aussi un petit poème de Rien (de Rien6)
Mine de Rien il est entré dans ma mémoire sans que je le retiènne ...
Bof ! Bof !
Je ferai mieux
La prochaine fois
Et maintenant il est dans ma vie ... et quand je ne suis pas content de moi
Il me revient en tête ...
Et me fait sourire intérieurement ...
N'est elle pas belle la vie ... !?!
Si, la vie est belle, même si elle est parfois injuste.... Mais tu sais penser, dans le sens d'aborder des sujets qui ne font pas forcément sauter de joie au premier abord, ne signifie pas être pessimiste.
André Comte-Sponville était mon prof de philosophie polique en licence.... Merveilleux cours....Un prof joyeux, enthousiaste et qui pourtant n'hésitait pas à aborder frontalement la question de la mort par exemple. Apprendre à mourir, c'est aussi apprendre à vivre...
Il faut différencier ce sur quoi nous cogitons un peu et ce que nous sommes, distinguer réflexion "objective" et personnalité. C'est ce que nous confondons trop souvent sur ce virtuel qui mélange tout en allant trop souvent bien trop vite (mouvement auquel je n'échappe pas non plus évidemment)
Je suis optimiste dans la vie, mais de cet optimisme qui laisse la place à la vraie vie, avec ses revers, ses chagrins, comme ses petits bonheurs. En tout j'aime cette lucidité que je trouve plus constructive que les refuges. Il y a trop de refuges dans lequel une véritable pensée de l'autre est absente.
Tout me semble bien souvent trop tranché, trop facile.
Ainsi tu dois penser que je pense "à ton opposé", mais non, ton blog me questionne.
Ce qu'il y a c'est qu'il faut se déshabituer de cette idée que je trouve vraiment abusive sur le virtuel pour le coup, idée selon laquelle si tu n'es pas complètement d'accord avec tout, tu réagis contre une personne. çà c'est à l'opposé de ce que je pense, même si la confrontation demande un cheminement, du temps, le temps de penser un peu, d'y penser.
Il reste que je dois être honnête, je trouve le virtuel très égocentrique, trop souvent; mais il reste des coins tranquilles dans lesquels j'apprends et pas seulement intellectuellement...
Et pour moi acquérir des connaissances ne s'oppose pas au fait de "se connaître soi-même". Mais j'arrive à un moment où je pense me connaître suffisamment pour savoir que j'ai envie d'apprendre.
Tu sais le savoir, des profs comme A. Comte Sponville ou d'autres, nous ont appris qu'il ne consistait pas dans une accumulation ( même s'il faut abattre du boulot, une étape indispensable je pense), mais dans le retour à tout ce qui est modeste au contraire.Lire, apprendre beaucoup, pour apprendre à voir les choses différemment, en incluant tout ce qui a déjà été écrit, et tout ce que les autres écrivent.
Nous avions un prof qui parlait 11 langues, et il commençait toujours son cours en nous demandant "qu'allez-vous m'apprendre aujourd'hui?"
Voilà pour ce qui me concerne l'apprentissage; et je sais qu'il n'y a pas à tortiller, il faut que je lise pour penser mieux, de façon plus ouverte et humaine.
C'est cela que nous apprennent tous ces profs humanistes, comme aussi, et tu as raison de le rappeler, toutes ces expériences que nous faisons aussi dans la vie. Là encore l'un n'empêche pas l'autre, et c'est même tout le contraire.
On pense trop souvent en pensant contre ceci ou cela, je veux penser avec, même si je n'y parviens pas encore de façon satisfaisante.
Bonjour Antigone
Apprendre à penser mieux ... Aide t'il à vivre mieux ... ?
La philosophie aiderait elle à vaincre le stresse ... ? ( (je n'ai fait que des études techniques...)
Apprendre à oublier ce que nous avons appris ... pour que nos pensées ne vivent pas à notre place ...
Mais j'accepte ta façon de voir les choses ... pour toi ... car au final ce qui es t bien pour toi ... n'est pas forcément bien pour les autre ... tout dépend des paramètres de la vie ... d'où nous venons ... de ce que nous avons vécus ...
Il n'y a pas un chemin qui mêne à la vérité ...
Il n'y a pas des chemins qui mènent à la vérité ...
La vérité est là tout autour de nous ...
A chacun de trouver la sienne ...
Sais tu Antigone, A. Compte Sponville n'est pas insensible au Zen à l'occidental... Il a participer en juin 2012 à un colloque Zen sur le thème "Parcequ'il faut bien apprendre à être"
En rien je n'adhère à tout, pas même à tout A. Comte Sponville, même s'il était mon prof.
Pour oublier ce que nous avons appris encore faut-il avoir d'abord appris, quelle que soit la forme de cet apprentissage, les bouquins ou la vie, ou les deux.
La philosophie apporte beaucoup de joie, tout dépend la façon dont nous philosophons: les forums, ou les esprits libres.
Au bout de la pensée il y a la liberté de penser qui entraîne certains choix de vie et là où je te rejoins parfaitement c'est sur le fait que chacun fait ce qu'il peut et ce qu'il veut de sa vie.
Si, à la liberté j'adhère totalement.
Mais parce que la liberté ne consiste pas à faire tout ce que l'on veut paradoxalement; les stoïciens par exemple ont développé cette idée, en distinguant "les choses qui dépendent de nous" et "les choses qui ne dépendent pas de nous".
Tiens tiens le Zen serait il encore passé par là .... ?
Acepter tout ce qui ne dépend pas de soi ... (et en tirer le meilleur parti)
C'est ce qui me fait aimer la pluie maintenant ... surtout pour les photos ...
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Ça va commenter je pense.
"la solitude est [en effet] le hâvre de l'amour". Ce qui résonne avec Sédir (Yvon Le Loup): "Nous sommes les moines d'un couvent invisible".