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Bribes (1ère partie)
Il est un temps où la soif
n'est qu'ennui brûlure
solitude et détresse
Tu as vaincu la honte
Il te reste à surmonter
le doute
Quand la compassion te relie
à ceux que l'époque rudoie
quand tu deviens celui qui vacille
perd pied lutte
pour ne pas sombrer
Quand tu te tiens
dans la proximité du centre
la moindre parcelle de vie
est intégrée à la sphère
Avoir la force de t'arracher
aux joies plaisirs émotions
que te donnent tes semblables
Pour boire à cette source
où capiteuse se fait la vie
Combien seul
combien étranger à ce monde
celui que le manque
contraint à chercher
une vie plus haute
Ces mots que tu graves
sur la feuille
ils naissent des lèvres
de la blessure
Abandonne-toi à ce qui survient
contrôle ce qui prend forme
Sache faire alterner
maîtrise et abandon
Par ta gravité
sacralise les mots
que tu emploies
(...)
Charles Juliet Moisson ed P.O.L
Tags : vie, abandon, mots, soif, solitude, détresse, doute, compassion, blessure, Juliet
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Commentaires
Si je ne me trompe pas c'est Joruri / Opsimathe / Polymathe, je viens d'essayer d'aller chez toi, plus rien ! Dommage. J'aime le "il faut quitter le bon pour avoir le meilleur" même si personnellement je ne le quitterais pas si j'avais "le bon".
Je commence à te connaître et aussi ne suis pas étonnée que tu ne sois pas d'accord sur le fond :-)
J'aime beaucoup ce poème, avec tous ces mots du doute: vaciller, lutter, cette "alternance entre maîtrise et abandon".
Ce poème fait un peu écho dans un tout autre style, à mes lectures poétiques actuelles:
"Quelles routes prends-tu?
Celles qui suivent les saisons, un peu au-dessus du sol".
Edmond Jabès, Le livre des Questions.
Merci Rien pour les jolies bribes poétiques.
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"Combien seul
combien étranger à ce monde
celui que le manque
contraint à chercher
une vie plus haute"
C'est exactement ça. Quelqu'un avait écrit: "Être acculé à l'espérance".
Il y a des gens comme ça que la vie, une rencontre, une expérience, une souffrance, obligent à tout quitter. Comme Abraham à qui il fut dit:
"Quitte ta terre et ta parenté pour le pays que je t'indiquerai - Et Abraham partit SANS SAVOIR OU IL ALLAIT."
Dans un autre livre encore: "Il faut quitter le bon pour avoir le meilleur".
Il y aurait toute une cadène de rapprochements de cette nature à faire sur le thème du déracinement.