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Au café
Non loin de moi, elle prit un siège,
s'y installa sans hâte et fut comme une rose
exposant sa nonchalance
sur la lèvre du vase.
Le papier d'une lettre apparut, humble et soumis,
dans sa main,
moissonnant un reste de sa fidélité.
Ma tasse de café s'échappait, elle, sans cesse
de ma main,
dans le désir de rejoindre sa tasse.
O le tourment infligé par ce capuchon dont le soleil
auréolait sa tête ! ...
Et ce poudroiement d'or que met en mouvement
l'haleine de l'été !...
Le voyage d'un rayon de lumière
sur son genou
ébranle les fondations de mon âme !
Elle, de sa tasse, humait à loisir
quelques gouttes de café,
et moi j'en buvais au bord
de ses paupières !
Ah, ce récit conté par les deux yeux, qui me demandent
d'être son esclave,
comme sont les astres au ciel
en leur perpétuelle ronde !
Chaque fois que je la regarde
longuement, elle rit,
dénudant la blancheur de neige
de ses dents.
****
Partage avec moi le café du matin,
et ne t'ensevelis pas dans la noire tristesse
de l'irrésolution !
Je suis ton voisin, ô dame mienne,
et les collines elles-mêmes prennent des nouvelles
de leurs voisines.
Qui suis-je ? ... Laisse de côté
les questions. Je suis
une esquisse à la recherche des couleurs
qui la font exister...
****
Un rendez-vous, Madame ?
Elle sourit
et me montra du doigt
son adresse sur l'enveloppe.
J'y portais mes regards attentifs,
et ne pus rien voir, sauf
la marque du rouge à lèvres
sur sa tasse de café.
Nizar Qabbani La Poésie arabe des origines à nos jours ed Phébus
Tags : café, tasse, moi, lèvre, Qabbani
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Commentaires
Je continuerai à venir chez toi comme à mon habitude.
Je fais une petite pause là de quelques jours ou plus suivant l'inspiration.
Gros bisous
Repose-toi bien Rien, profite du temps qui passe. Les échanges virtuels peuvent aussi être simplement plaisants et apaisants. Lorsque le bien-être des autres est un credo qui passe avant soi. Ce que tu fais si souvent pour nous.
Gros bisous et à bientôt.
Je suis une esquisse
à la recherche des couleurs
qui la font exister...
Comme c'est joliment dit, rencontre intemporelle, ou l'extérieur et l'intérieur se mêle intimement
Amicalement
Ma chère Rien, je viens te souhaiter une très bonne nouvelle année.
Que la poésie continue à nous rassembler dans le plaisir esthétique des mots remplis de musique et de paix.
Je t'embrasse bien fort, à bientôt!
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Et comme cette rose fait bien de protéger ainsi son intimité.
Tous les jours je constate de jolis emprunts, jusqu'à mon nom de blog pratiquement; si seulement ceux-ci étaient faits dans les échanges gentils et bienveillants, alors on n'aurait plus besoin de dire "stop", ce serait un vrai bonheur.
Mais quelle laideur parfois, innommable...
Protège-toi aussi Rien, prends bien soin de toi.
Chez moi c'est barricadé maintenant, les copines peuvent ainsi vraiment se reposer; à chaque fois que tu le souhaites, je t'accueille avec un grand sourire, autre que de façade, proche de la parano. Contre toute apparence, tout est et demeurera tranquille et doux pour tous ceux qui ne sauraient se passer de cette douceur fondamentale grâce à laquelle nous vivons dans le calme des jours heureux. le monde est suffisamment difficile comme cela pour ne pas en rajouter.
Gros bisous.