• 13

    La musique seule

    peut occuper le lieu de la pensée.

    Ou son non-lieu,

    son propre espace vide,

    son vide plein.

     

    La pensée est une autre musique.

     

    Et la pensée seule

    peut à son tour occuper le lieu de la musique

    et s'infiltrer comme elle

    à l'extrémité la plus lointaine de ce qui existe,

    comme un presque animal si conséquemment fin

    où l'être cesse d'être l'être

    pour être un peu plus que l'être.

     

    Roberto Juarroz dixième poésie verticale ed Corti traduction de François-Michel Durazzo


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  • Commentaires

    1
    joruri
    Vendredi 23 Août 2013 à 08:31

    "La musique peut suffire pour une vie, mais une vie ne suffit pas pour la musique." (?)

    "J'aime que la musique ne soit pas sourde à la chanson du vent dans la plaine, ni insensibkle aux parfums de la nuit" Jankélévitch.

    ________________________________________________________________

    Toi toute en lyres qui as conservé en moi la nostalgie du premier jardin, tu m'as octroyé des ailes grâce auxquelles je peux, par-dessus les cîmes artificiels de ces villes, contempler les fastes de l'aurore. Tu as entretenu en moi la plus sainte et la plus sacrée des nostalgies.

    2
    icilondres
    Vendredi 23 Août 2013 à 08:39

    le silence n'est pas indéfinissable
    la question de toute une vie n'est pas impénétrable
    la noirceur n'est pas infranchissable
    la forteresse n'est pas une fin en soi

    la poésie de Roberto Juarroz ressemble fraternellement à celle du Capitaine Alexandre (René Char) comme deux gouttes d'eau unies dans  la même grandeur d'âme, de mots ciselés et épurés pour aller à l'essentiel, vers le haut vers le bas ou vers les deux ou vers ... qu'importe,  pour aller.

    merci Rien pour m'avoir fait relire une poésie que j'avais cru avoir oublié...mais non , on n'oublie rien...

    3
    polymathe
    Vendredi 23 Août 2013 à 10:10

    Je me dis, mélomane de toujours mais désormais apaisé, que décidément la musique est la voix de l'indicible. Les floralies de l'hiver et l'enfance préservée.

    Et peu à peu pour moi la pensée a pris la forme de mélodies. Je ressens cette vitesse de croisière quand une idée me porte comme aux temps où phonomane j'étais soulevé de terre par une frise musicale. Aujourd'hui quelques sons pastoraux, quelques vapeurs de nappes et quelques clochetis dans le vent suffisent pour me mettre en état de symphonie. Je suis en harmonie avec ce qui en moi est un peu plus que moi. La musique qui dévoilait des horizons dévoile désormais des pensées. De cette abstraction purement sonore s'élaborent des songeries fécondes, des rapprochements et des conceptions esthétiques pastellisées. Je me souviens de ce temps où la musique faisait sous mes yeux se former et s'entrecroiser des "géomes" (formes géométriques entrelaçées et colorées en mouvement) et maintenant ces géomes sont devenus des vocables...Il y a des avant-ages. Est-ce un début de sagesse de ne plus distinguer entre phonèmes et lignes mélodiques ? En se rapprochant d'une unité conceptuelle globalisante dans laquelle mots, notes, ressentis préverbaux, émotions ne forment qu'un seul langage, un seul dit  ?

    4
    Vendredi 23 Août 2013 à 10:22

    Je découvre ce poète.

     

    J'ai été lire quelques autres de ses textes, j'aime beaucoup. :-)

    5
    ---
    Vendredi 23 Août 2013 à 10:44

    Pensée et musique mutuellement se chassent...

    Beau texte, merci.

    6
    riende9? Profil de riende9?
    Vendredi 23 Août 2013 à 13:29

    A Joruri Polymathe, la musique comme une nécessité. Tu sembles entretenir avec elle une relation privilégiée (hors normes je dirais presque).

    7
    riende9? Profil de riende9?
    Vendredi 23 Août 2013 à 13:31

    A Icilondres je n'avais pas fait le rapprochement avec René Char, non on n'oublie pas. Merci de vos mots. 

    8
    riende9? Profil de riende9?
    Vendredi 23 Août 2013 à 13:32

    A Cédric il y a un autre poème de cet auteur sur le blog (et même en double exemplaires !!).

    9
    riende9? Profil de riende9?
    Vendredi 23 Août 2013 à 13:33

    A --- ou s'entretiennent ...

    10
    icilondres
    Vendredi 23 Août 2013 à 14:06

    Roberto Juarroz a traduit dans sa revue Poesia des auteurs français dont Paul Eluard, Antonin Artaud et René Char pour qui il avait une inclinaison particulière

    et dans une lettre à Fernand Verhesen (un des traducteurs de "poésie verticale") René Char écrit  réciproquement "… Roberto Juarroz est un vrai et grand poète qui nous est offert par votre main…".

    le monde est petit chez les poètes mais grand par la fraternité

    11
    Vendredi 23 Août 2013 à 16:34

    La musique, vibration universelle, physique polyphonique et rythmique qui se prolonge dans une métaphysique de l'âme. Tension extrême vers un peu plus que l'être, dans laquelle tous les contraires, s'entrechoquant,  se conservent  pourtant dans l'universalité.

    Accord majeur, joie infinie.

    Merveilleux poème, Rien, tel une musique dans nos pensées.

    12
    riende9? Profil de riende9?
    Vendredi 23 Août 2013 à 17:29

    A Icilondres, merci de ces précisions enrichissantes.

    13
    riende9? Profil de riende9?
    Vendredi 23 Août 2013 à 17:31

    A Antigone "Accord majeur, joie infinie" "une musique dans nos pensées", merci.

    14
    Vendredi 23 Août 2013 à 22:40

     

    Etonnement cet autre poème ne m'avait pas marqué et pourtant tu l'avais publié le 5 juillet dernier et j'ai donc certainement dû le lire... :-)

     

    Je l'ai relu et j'aime aussi ! :-)

    15
    Samedi 24 Août 2013 à 12:54

    On passe à côté des fois suivant l'humeur du jour ça m'arrive souvent aussi. :-)  

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