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Rien
Plus rien même pas de la cendre même pas le souvenir plus rien
Plus rien sauf cette joie de l'oubli ce vent de l'oubli qui arrache tout
détruit tout et saccage le reste
Le moment est enfin venu de ne plus espérer de ne plus attendre de
ne plus croire de ne plus s'imaginer de ne plus trembler savoir qu'on
ne craint plus le vide que tout est consommé
consumé désincarné que ce qui était n'est plus plus rien même plus
rien même pas le néant
Je ne ricane plus je ne souris plus
je ne baisse plus les yeux ni ne les lève
je ne les frotte même plus je ne dors pas
je veille comme une pierre sans son ombre
et je suis transparent comme le temps
je vis comme vivent les nuages et la fumée
je m'efface et jusqu'aux dernières traces
Philippe Soupault
Tags : rien, Soupault, yeux, pierre, ombre, temps, nuages, fumée, traces, cendre, souvenir, joie, oubli, vent, vide
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Commentaires
Mouais. Pfff...Et on fait encore croire que c'est un avantage...
Dieu merci je n'ai plus de ces déprimes qui tendent vers l'absolu comme celle de Soupault, pour le moment du moins...
Étonnant ce choix de texte qui montre une détresse presque métaphysique. Comme Michaux, il a du passer par des "gouffres".
Et bizarrement, c'était aussi le cas de Gustave Roud, moins visiblement torturé, mais pourtant victime d'accès de mélancolie (au sens médical). J'ai beaucoup de compassion pour ce genre de souffrances.
Une forme de nihilisme par défaut dans ce texte, qui nous fait vouloir tout quitter, corps âme et esprit et être comme n'ayant jamais été, dissipé, dissous, moléculairement anéanti.
Des tourments que j'ai bien connus aussi et qui laisse des traces et aussi comme toi beaucoup de compassion.
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"On est toujours tenté de revenir au sujet sans corps." Françoise Dolto