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Passé, présent, futur
Je fus. Mais ce que je fus je ne m'en souviens déjà plus :
Mille couches de poussière masquent, voiles,
Ces quarante visages inégaux,
Si marqués par le temps et les mascarets.
Je suis. Mais ce que je suis est si peu :
Grenouille échappée de la mare, qui a sauté,
Et lors du saut qu'elle fit, aussi haut qu'elle pouvait,
L'air d'un autre monde l'a faite éclater.
Il manque de voir, si cela manque, ce que je serai :
Un visage recomposé avant la fin,
Un chant de batracien, même rauque,
Une vie qui court comme ci comme ça.
José Saramago Les poèmes possibles traduit par Nicole Siganos ed Jacques Bremond
Tags : visage, saut, poussière, temps, mascarets, grnouille, mare, saut, monde, chant, batracien, Saramago
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Commentaires
Ce poème n'est pas sans me rappeler un célèbre texte de Nietzsche dans lequel il s'attaque aux prétentions infinies des métaphysiciens.
Bien que je ne sois pas une adepte de la philosophie de Nietzsche, je le lis, car à vrai dire comment saurais-je que je n'adhère pas à la pensée de Nietzsche si je ne l'ai jamais lu? Je ne lis que peu les commentateurs.
Penser par soi-même est la plus sûre façon de coller aux textes et uniquement aux textes, avec les idées qu'ils délivrent.
Ce poème me semble avoir la même lourdeur que celle contenue dans la métaphysique que Nietzsche dénonce.
Je ne serai, que si je reste fidèle à ce que je fus et à ce que je suis fondamentalement, dans la liberté des mots et des pensées qui ne s'envolent pas vers ce qui n'a pas de sens.
Bonne journée Rien!
J'ai remis en ligne un article du 28/04/2013 intitulé La perspective des grenouilles.
http://partempsdepaix.canalblog.com/archives/2013/10/06/28156602.html
Je vous renvoie aussi à cette rêverie au lac de Saramon (Gers):
http://partempsdepaix.canalblog.com/archives/2013/09/15/28020272.html
Entre temps évidemment tout évolue toujours.
Il faut dire que je fais quelques recherches sur la mémoire...
--- si cette grenouille vous parle, peut-être pourriez-vous partager votre pensée avec nous? :-)
4---Dimanche 6 Octobre 2013 à 09:40Merci pour tes liens Antigone, pour tout te dire je n'ai pas lu Nietzsche et suis donc mal placée pour débattre de sa pensée. Sur le nombre de commentaires sur les blogs, j'avoue m'être déjà interrogée sans trouver de réponse. Quant à la barbarie nazie, sans commentaire !
Moi aussi je fuis le soleil l'été, et le recherche le reste du temps.
Bonne journée Antigone
Je suis. Et ce que je suis est tellement :
Grenouille échappée de la mare, qui a sauté,
Et lors du saut qu'elle fit, aussi haut qu'elle pouvait,
L'air d'un autre monde l'a gonflée et fait s'envoler !
;-)
Très joli texte Cédric, une fable que j'apprécie, j'aime les histoires qui finissent bien. :-)
Une grenouille nageant dans les eaux troubles d'une mare ...avait perdu tous ses repères ... au hazard de sa nage désordonnée ... elle retrouve la surface ... la feuille de nénuphar ... et la fleur qui l'accompagne ...Le soleil perce la brume du petit matin ... elle reste là ...besoin de rien ...envie de rien .... juste sentir la vie ...
Pour ceux qui souhaitent y accéder, j'ai remis l'article sur la perspective des grenouilles sur mon blog à sa date réelle, le 28/04/2013
14icilondresDimanche 6 Octobre 2013 à 17:14j'aime l'incertitude des trois tableaux du temps
"ce que je fus je ne m'en souviens déjà plus"
"ce que je suis est si peu"
"il manque de voir ce que je serai"
et j'adopte la dernière ligne "une vie qui court comme ci comme ça"
je verrai bien où je flotte et m'emmène...
Bonne fin de journée Rien
A Antigone, suite à un de tes articles d'aujourd'hui, je m'accorde le droit à la paresse depuis quelques petites années seulement.
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"Et lors du saut qu'elle fit, aussi haut qu'elle pouvait,
L'air d'un autre monde l'a faite éclater."
Cette grenouille me parle.